Aujourd'hui, les villes et les métropoles voient émerger de nombreux projets qualifiés « d'écoquartiers », souvent construits sur des terrains abandonnés et appuyés par des technologies de construction dites « vertes ». Ces terrains abandonnés ou vagues, situés en milieu urbain, sont perçus comme des vides dépourvus de toute dynamique (passée, présente et future) qu'il suffirait de densifier pour répondre à quelques maux urbains comme à l’indéniable crise du logement. Ainsi, ces projets sont devenus contradictoirement la source de plusieurs enjeux : homogénéisation, effacement des localités et des historicités ou encore érosion de la biodiversité. Selon plusieurs penseurs, il faudrait revoir nos manières de faire à travers de nouveaux paradigmes afin de pouvoir élaborer des projets soutenables. Autrement dit, ce qui est en jeu, c’est la culture de la conception, les positions et les attitudes que les concepteurs adoptent dans la démarche du projet, et qui nient souvent l’existence même et les qualités intrinsèques de ces délaissés. Or, comment ces lieux pourraient se métamorphoser autrement si l'on s'attardait au lieu en lui-même ? Au vague et au déjà-là ?

C’est dans ce contexte que s’inscrit le projet de mobilisation des connaissances, intitulé ET SI ? MÉSOLOGIE - Ménager au lieu d'aménager, le futur quartier Louvain, mis sur pied par Shabnam Rahbar, professeure adjointe de l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage. Le projet propose de revoir la pratique de conception en architecture et en architecture de paysage à travers l’approche mésologique telle que définie par le philosophe et géographe français, Augustin Berque. C'est dans cette optique qu'un atelier interdisciplinaire de recherche-création a été organisé comme lieu de réflexion, de discussion et de mise en œuvre de l’approche mésologique dans les domaines de l’architecture et du paysage.

Le site sélectionné pour cet atelier est celui du projet d’écoquartier Louvain Est qui se situe dans l’arrondissement d’Ahuntsic-Cartierville. Apolline Sénéchal et Florian Satger (architectes paysagistes stagiaires), Rachel Fafard (architecte stagiaire) et Maxime Giasson (architecte) ont été invités à collaborer à cet atelier de recherche-création avec la participation de l’architecte Jean-Paul Boudreau à titre de co-directeur de l’atelier. Enfin, pour appuyer le caractère transdisciplinaire de l’approche mésologique, un étudiant de la Faculté de musique, Jacob Desjardins, a été invité à mettre en musique les intentions du projet. 

Cet atelier de recherche-création a été l’occasion de montrer comment la mésologie a permis de réinterroger la conception même de l’habitat humain :

• Le souci de l’aménagiste concepteur (paysagiste, architecte, designer urbain) est désormais moins la construction ex novo que la métamorphose de ce qui est déjà là.
• Item, le souci du concepteur est désormais moins la programmation et l’aménagement de l’espace que l’accueil de l’imprévu, de l’inachevé et des possibles.
• Item, le souci du concepteur est désormais moins son œuvre en elle-même et sa composition que ses relations avec le milieu où elle s’insère. 

En somme, ce projet invite les concepteurs de villes d’aller vers l’accumulation, le déploiement, la stratification, la trajection, la reliance et l’indétermination, autant d’attitudes paysagères et architecturales pour pouvoir bâtir et vivre de façon plus soutenable, solidaire et heureuse.

Le 30 novembre, les résultats de l’atelier de recherche-création tenu en octobre 2023 seront présentés par Shabnam Rahbar et l’équipe du projet lors de la soirée paysage-architecture en musique - ET SI ? MÉSOLOGIE - Ménager au lieu d'aménager, le futur quartier Louvain. 

Où : Faculté de l’aménagement, salle 1150
Quand : le 30 novembre, à partir de 17h30 

Ce projet a été mené avec plusieurs rencontres qui ont nourri les réflexions, et nous tenons à remercier particulièrement Daniel Cyr (urbaniste et citoyen), Émile Forest (concepteur de jardins chez Nouveaux Voisins), Hubert Mansion (écrivain et fondateur de l’université dans la nature), Mathieu Masquelier (conseiller en aménagement Ville de Montréal) pour leur engagement.

La firme d'architecture de paysage et de design urbain CIVILITI est commanditaire de l'événement du 30 novembre.