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Départ à la retraite du professeur Clément Demers


 

Une série d'hommages ont été offerts à Clément Demers lors d'un événement virtuel soulignant son départ à la retraite le vendredi 12 février dernier.

Notre professeur Gonzalo Lizarralde a fait un survol de l'imposante carrière de Clément Demers dans un texte que nous publions ici, accompagné d'autres touchants témoignages.  

LE PROFESSEUR ARCHITECTE, URBANISTE, ET GESTIONNAIRE DE PROJETS

Après plusieurs années d’enseignement et une carrière remplie de succès, Clément Demers prend sa retraite. La communauté universitaire rend hommage à ses principales contributions.

Un grand nombre de projets de forte qualité architecturale ou urbaine sont constamment tablettés, oubliés ou abandonnés au Québec et ailleurs. En revanche, d’innombrables projets architecturaux et de design urbain de qualité douteuse sont constamment construits dans les villes, banlieues et villages québécois. Plusieurs de ces projets sont non seulement peu fonctionnels, mais ils défigurent les paysages et érodent notre patrimoine culturel, urbain et architectural. Construits suivant des standards de faible qualité, plusieurs de ces interventions finissent par coûter plus cher à long terme et exigent des réfections périodiques.

Pendant plus de quarante ans, Clément Demers a essayé de contrer cette déplorable tendance. Son meilleur outil : la gestion de projets d’aménagement. Pendant plus de 20 ans, Clément a enseigné à nos étudiants en architecture et en urbanisme de l’Université de Montréal que la conception de projets de qualité ne suffit pas pour améliorer nos villes, créer des espaces pertinents pour la société et mettre en valeur nos paysages. Il faut que ces bonnes idées soient viables, « réalisables » et financées. Elles doivent fédérer des acteurs, réussir plusieurs étapes d’approbation, et traverser de nombreuses phases dans lesquelles le souci de la qualité peut être facilement perdu, oublié ou minimisé.

Dans ses cours, séminaires et conférences, Clément a souvent insisté : la qualité ne s’obtient pas seulement pendant la conception des projets; il faut que les professionnels de l’aménagement soient outillés pour réaliser des projets susceptibles de passer à travers toutes les difficultés de la mise en œuvre. Ils doivent se doter des compétences spécialisées pour ne pas rester des spectateurs de la réalisation de leurs plans architecturaux et urbains, mais devenir de véritables acteurs du changement. Pour Clément, la qualité se décide et se dessine non seulement sur les plans du concepteur, mais dans les conseils d’administration, les activités de la maîtrise d’ouvrage, la rédaction des documents de concours de design et des appels d’offres, les rencontres de chantier et plusieurs autres instances décisionnelles.

À l’Université de Montréal, il a créé des cours et des séminaires inédits, où il a combiné des connaissances en architecture, urbanisme, développement immobilier, pratique professionnelle, médiation, construction et gestion de projets. Pour ses étudiants, il a toujours eu des réponses simples, mais profondément ancrées dans l’expérience. Questionné dans une salle de classe sur comment atteindre le développement durable, Clément répondra qu’il faut faire bien dès le départ : « être obligés à refaire un hall d’entrée ou un trottoir tous les cinq ans est contraire au développement durable. On est trop pauvre pour faire cheap ». Sur comment on a construit l’édifice de la Caisse de dépôt et placement du Québec il expliquera : « Construire un bâtiment à plusieurs étages sur une autoroute, une ligne de métro et d’innombrables conduits d’infrastructure exige plus que des bons dessins, ça prend des dizaines d’ententes, des heures de négociation et des bons contrats ».

Pendant sa carrière comme architecte et urbaniste, il a prêché par l’exemple. Directeur adjoint du Service d’urbanisme de la Ville de Montréal, directeur général de la Société immobilière du patrimoine architectural de Montréal (SIMPA), à la tête de la Société Quartier international de Montréal, puis de la Société AGIL, il a été un leader reconnu dans la prise de décisions qui ont façonné le centre-ville de Montréal, et ont conduit à la construction de projets phares pour le Québec, incluant le Quartier international de Montréal, le réaménagement de la rue McGill, l’agrandissement du Musée Pointe-à-Callière et le Quartier des Spectacles. Ses multiples prix et reconnaissances font preuve de son constant intérêt pour une démarche axée sur la finesse du processus afin d’obtenir un meilleur résultat.

Dans plusieurs conseils d’administration, il a guidé les donneurs d’ouvrage publics et privés à focaliser sur la qualité de l’architecture, du design d’objets, du design urbain et du paysage. Défenseur du patrimoine bâti et paysager québécois, il a siégé aux plus importants comités décisionnels sur l’avenir de Montréal. En tant que médiateur reconnu, Clément a influencé plusieurs décisions importantes pour l’industrie de la construction au Canada. Au sein des ordres et associations professionnelles dont il fait partie (OAQ, OUQ, PMI, et autres), il a défendu l’idée que la gestion de projets ne doit jamais être réduite à la mise en place des procédures administratives, au remplissage des « checklists » ou à formulation des procédures bureaucratiques. Pour lui, la gestion est une activité créative, basée sur le jugement éclairé et toujours dépendante de l’impératif de contextualisation et de participation des parties prenantes à la prise de décisions.  

Dans ses écrits et dans un grand nombre de participations dans les médias, il a semé les bases d’une pratique de la gestion de projets axée sur la qualité, l’éthique et la participation active des parties prenantes. Au Québec et à l’international, Clément a fait rayonner l’École d’architecture et a fait figurer la Faculté de l’aménagement dans les plus importantes conférences sur la gestion de projets.

Ses collègues professeurs se souviendront de son sens de l’équité et de son intérêt infatigable pour expliquer le métier de gestionnaire de projets. Toujours un professeur aimable et respectueux, il a façonné toute une génération de professionnels qui se trouvent, ou se trouveront bientôt, dans les plus importants postes décisionnels au pays. Son legs sera toujours ces projets urbains de renom à Montréal, et les multiples cohortes de professionnels québécois et étrangers fascinés par le potentiel de pouvoir élargir les frontières de leur métier et de changer le monde… une décision de gestion à la fois.

Mes collègues, la direction de l’École et de la Faculté, les étudiants et le personnel de soutien de l’Université se joignent à moi pour remercier Clément pour toutes ces années de travail à l’École d’architecture et à la Faculté de l’aménagement. Merci pour les enseignements et pour une recherche insatiable d’un Montréal plus en harmonie avec notre passé, notre futur et notre paysage. 

Gonzalo Lizarralde, professeur titulaire
École d’architecture, Faculté de l’aménagement, Université de Montréal
Janvier 2021

 

Clément Demers : un grand homme à multiples dimensions

Le professeur Demers a su pousser le savoir et faire de la science une pratique véritable avec un impact majeur sur son environnement.

Le transfert des connaissances au profit de plusieurs générations de relève, la capacité de remettre constamment en question les règles du passé pour les  remplacer par les nouveaux savoirs à découvrir et à appliquer, la participation heureuse à gérer concrètement de grands ouvrages, avec tous les risques que cela comporte, l’implication citoyenne avec expertise et générosité comme dans le comité immobilier de l’Université de Montréal, en particulier en marge de  la création du MIL sont autant de dimensions qui réunies dans une unique carrière rendent Clément Demers exceptionnel.

Ce grand homme, dont le père professeur-scientifique est certainement bien fier, fait partie des quelques personnes dans ma vie que j’aurais personnellement bien aimé « CLONER », pour que notre société puisse grandir encore plus en qualité, en beauté et en pérennité.

Merci énormément Clément.

Guy Breton, recteur émérite

 

Avant d'arriver à l'Université de Montréal en 2005 en tant que titulaire de la Chaire de recherche du Canada en patrimoine bâti, je connaissais Clément Demers de réputation comme un architecte s'intéressant aux lieux patrimoniaux. Au cours de mes quatorze années à l’École d’architecture, j’ai pu apprécier l’ampleur de l’implication de Clément dans les questions patrimoniales, à la fois comme professeur du programme de la Conservation de l’environnement bâti et comme leader public reconnu à Montréal. Défenseur de la préservation, de la mise en valeur du patrimoine et de l’insertion en milieu ancien, Clément excellait à combiner la conservation du patrimoine avec le développement immobilier. Il visait à donner aux lieux patrimoniaux une fonction dans la vie de la communauté et à travailler à de nouvelles insertions respectueuses de leur contexte. J’ai admiré sa connaissance profonde du patrimoine montréalais lorsque j’ai assisté à sa conférence aux Belles Soirées sur le patrimoine à Montréal et les 30 ans d’Héritage Montréal. Merci, Clément, pour votre défense du patrimoine et pour votre travail visionnaire dans la réhabilitation et l'adaptation des lieux patrimoniaux au profit de votre communauté. 

Christina Cameron, professeure émérite
Janvier 2021

 

Cher Clément,

Durant tes années à la Faculté de l’aménagement, tu auras marqué plusieurs cohortes d’étudiantes et d’étudiants, qui ont beaucoup profité de ton enseignement et de ta vaste expérience acquise à Montréal à gérer des projets et à réfléchir sur la ville et sur le rôle des professionnels qui travaillent à la transformer, à la faire. Ta contribution à l’enseignement est à bien des égards remarquable. 

Mais elle l’est tout autant à l’échelle de la ville de Montréal : tu as réalisé de très nombreux projets qui ont contribué à faire de Montréal la ville qu’elle est, une ville bien différente de ce qu’elle était à tes débuts, plus intéressante très certainement, pour ceux qui y habitent ou qui la visitent. 

Nous te devons beaucoup, et à Montréal et à l’Université. 

Ta retraite est venue plus tôt que je ne l’aurais imaginée. Je te la souhaite heureuse, pleine de projets à réaliser. Et aussi à gérer…

Bonne retraite et, surtout, merci.  

Paul Lewis, doyen 2014-2018

 

Témoignage envers le professeur Clément Demers

Clément Demers personnifie de façon exceptionnelle le rôle déterminant qu’un architecte hautement compétent peut exercer sur la génération et la mise en œuvre des ensembles urbains. Il savait comment dépasser la commande et orienter ses interventions vers de grandes réalisations architecturales.

Le texte de Gonzalo Lizarralde présente bien l’envergure de Clément, son influence majeure sur notre environnement montréalais et la valeur des retombées dont bénéficient ses étudiants.

L’engagement de Clément en tant que professeur à notre Faculté a nettement rehaussé la réponse du programme de Montage et Gestion de Projet (MGPA) aux objectifs visés par son fondateur, feu le professeur Colin Davidson : permettre à ses diplômés de devenir décideurs et non seulement proposeurs en contrôlant toutes les étapes d’un projet. 

C’est un collègue éminent et généreux qui prend sa retraite, mais nous voulons continuer d’être en contact avec lui.

Roger-Bruno Richard, professeur titulaire
Directeur 1989-1999

 

Je me joins à cet hommage pour le départ de Clément Demers.

Les contributions locales de Clément sont bien documentées, Gonzalo Lizarralde en nomme quelques exemples majeurs. Un autre qui me vient à l’esprit : la place Riopelle, ce havre de paix, de tranquillité, et de surprise à la fois, qui enrichit l’expérience que l’on fait du centre-ville. Il s’agit d’espaces d’une grande valeur urbaine et architecturale, révélateurs d’un savoir-faire québécois que Clément a su faire ressortir et fédérer.

Le chemin parcouru vers la réalisation de ces espaces réussis, il l’a partagé avec étudiants et collègues dans les salles de cours. Sa pratique universitaire, adressée aux différentes disciplines de la faculté, démontre le potentiel transdisciplinaire qui existe dans celle-ci et que nous devons exploiter davantage.

J’aimerais aussi mentionner la portée internationale de ses enseignements, pertinents à Montréal et partout ailleurs dans la planète. Notamment à travers les étudiants internationaux mais aussi par l’entremise des étudiants et professionnels québécois, que Clément invite à se tourner vers l’extérieur, un effet multiplicateur de ses enseignements favorisera le transfert de connaissances et du savoir-faire montréalais dans un cadre de coopération et d’aide au développement. 

Se dessine ainsi un espoir pour de meilleures villes, pour de meilleures vies.

Au revoir et à bientôt, Clément.

Juan Xavier Malo, chargé de  cours et de formation pratique, École d'urbanisme et d'architecture de paysage
10 février 2021