Les « Sciences du design » regroupent les disciplines universitaires professionnelles qui partagent un dispositif pédagogique historique et unique, celui de l’Atelier de design, dans lequel on dispense un enseignement appelé le « projet » de design. On y retrouve l’architecture, l’architecture de paysage, l’urbanisme, le design de produit, le design d’intérieur, le design graphique, le design de jeux, etc. L’anthropologie et l’épistémologie des sciences du design ont connu diverses mutations au gré des traditions pédagogiques qui ont façonné leur structure académique. Quatre modèles anthropologiques se sont succédé pour concevoir et structurer les savoirs qui doivent être enseignés aux futurs praticiens professionnels : le modèle romantique de l’École des Beaux-Arts (le designer vu comme un artiste ), le modèle triptyque du Bauhaus (le designer alliant art , science et technique ), le modèle de l’ acteur rationnel (le designer vu comme un « être de raison ») et le modèle du praticien réflexif proposé par Donald Schön.
Dans un essai intitulé Human Nature and Conduct , John Dewey énonçait : « Man is a creature of habit, not of reason nor yet of instinct ». Le présent ouvrage propose les grandes lignes d’une anthropologie et d’une épistémologie fondées sur une vision du designer comme un « être d’habitude ». Il s’agit de considérer les savoirs professionnels en design comme des « habitudes acquises ». Ce modèle anthropologique et l’épistémologie qui en découle trouvent leurs fondements dans les écrits de plusieurs grands penseurs (Aristote, Charles S. Peirce, John Dewey, Maurice Merleau-Ponty, Paul Guillaume ou Pierre Bourdieu) appartenant à des champs disciplinaires divers comme l’éthique, le pragmatisme, la phénoménologie, la psychologie et la sociologie.
Tiré du site des Presses de l'Université Laval